Alors que l’AIE salue les progrès opérés par le Cameroun dans son processus d’électrification, l’accès à l’énergie demeure problématique dans les zones rurales de ce pays africain, appelé à intégrer dans sa stratégie énergétique nationale des moyens de production d’électricité décentralisés pour pallier un recul qui freine son plein développement économique.
Le Cameroun s’engage progressivement sur la voie de l’universalisation de l’accès à l’énergie sur son territoire. La route sera longue, certes, mais non pas dénuée de quelques satisfactions le temps d’atteindre son objectif. Aussi l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) souligne-t-elle dans son nouveau rapport Energy Access Outlook 2017 les efforts déployés par le pays, dont le taux d’électrification a plus que triplé en l’espace de seize ans à peine, en passant de 20% en 2000 à 63% l’an dernier. Un résultat d’autant plus remarquable que l’Afrique centrale à laquelle appartient le Cameroun reste la région subsaharienne où l’accès au courant est le plus réduit, avec un niveau d’électrification de 25% enregistré en 2016.
Cependant, à y regarder de plus près, la portée de ce résultat se révèle plus mitigée et la marche initialement triomphale ralentit légèrement son rythme. Car, malgré le score impressionnant de 94% d’électrification des milieux urbains atteint en 2016, ce même taux dégringole si on l’applique aux zones rurales, dont seules 21% sont rattachées au réseau électrique.
À l’unisson, l’Agence d’Électrification Rurale (AER) faisait état en 2012 d’un taux de couverture national de 21,7% pour l’électrification rurale, ne recensant que 2960 localités électrifiées sur un total de 13.634.
Soucieux de combler le fossé énergétique qui existe entre les zones urbaines et rurales, le ministère camerounais de l’Eau et de l’Énergie a présenté en mars dernier le Plan directeur d’électrification rurale (PDER). Cette stratégie gouvernementale, qui vise à permettre d’assurer un accès au réseau électrique à la quasi-totalité de la population, aspire à favoriser, d’une part, l’utilisation des ressources renouvelables pour l’électrification des zones reculées, et d’autre part, le développement des secteurs productifs, prévoyant la réalisation de 50.000 branchements par an en milieu rural sur une période de 20 ans, pour un total de 10.000 localités supplémentaires raccordées à l’électricité à l’horizon 2035.
Compte tenu des difficultés mais surtout du rythme trop lent de l’élargissement aux villages les plus reculés du réseau électrique traditionnel par rapport à une croissance démographique galopante et à une demande d’énergie inévitablement croissante, l’option de développer des moyens de production d’électricité décentralisés off-grid ou articulés autour d’un mini-grid s’avère de mise, notamment en vue de freiner l’exode rural qui affecte de plein fouet le Cameroun. En effet celui-ci compte désormais plus d’habitants en ville qu’à la campagne, où le déficit des infrastructures et des services est encore plus évident qu’en zone urbaine.
Pour ne pas accentuer davantage ce déséquilibre, le pays a tout intérêt à se tourner vers les nouvelles technologies pour exploiter le fort potentiel qu’il renferme sur le plan des énergies renouvelables, et ce, d’autant plus que la Banque Mondiale ne cesse de prodiguer son soutien financier aux gouvernements africains dans leurs réformes pour élargir l’accès aux usagers vivant dans les régions les plus reculées. En effet, en plus des considérables ressources hydrauliques qu’il possède, le Cameroun a un taux d’exposition au soleil de 4 KW/m² par jour au Sud et 5,8 KW/m² par jour au Nord. Des projets d’électrification à travers l’énergie photovoltaïque ont d’ailleurs été entrepris par le ministère de l’Eau et de l’Énergie en partenariat avec des sociétés privées afin de fournir de l’énergie solaire hors réseau aux zones rurales. Et nombreuses sont les opportunités offertes aux petites et moyennes entreprises locales et étrangères dans le cadre de l’électrification rurale du Cameroun, qu’il s’agisse de la fabrication de pylônes, de la vente de kits solaires ou de la construction de petites centrales hydroélectriques ou solaires.