À en croire l’édition 2017 du rapport Perspectives énergétiques mondiales publié par l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE), 1,1 milliard de personnes dans le monde n’avaient toujours pas accès à l’électricité en 2016, dont 588 millions en Afrique. Cependant, les experts de l’AIE restent optimistes et, comparant cette nouvelle donnée à celle de 1,7 milliard enregistrée pour l’année 2000, sont convaincus de la voir chuter encore de 674 millions d’individus à l’horizon 2030 et se rapprocher progressivement du 7ème Objectif de Développement Durable (« Garantir l’accès de tous à des services énergétiques fiables, durables et modernes, à un coût abordable ») promu par les Nations Unies.
Pour ce faire, les procédés ne manquent pas et c’est étape par étape, petit pas après petit pas, que l’accès universel à l’électricité est en train de se réaliser, notamment par le biais de solutions autonomes permettant d’éviter les immenses dépenses qu’impliquerait l’extension des branchements aux réseaux nationaux. Car les services d’énergie hors réseau peuvent effectivement pallier les difficultés à raccorder des communautés isolées, et plus particulièrement dans les pays en développement.
On comprend alors la croissance continue que connaît le secteur de l’off-grid, dont les produits desservent déjà plus de 110 millions de personnes dans le monde, et, selon les prévisions de l’agence Bloomberg, devraient atteindre pas moins de 500 millions d’individus d’ici 2020, contribuant ainsi à une large part du processus d’électrification universelle entrepris.
Et l’Afrique dans tout cela? Selon le dernier rapport sur le marché mondial du solaire hors-réseau, publié par Global Off-Grid Lighting Association (GOGLA) – association indépendante à but non lucratif représentant l’industrie off-grid, née en 2012 du programme Lighting Global lancé par la Société Financière Internationale du Groupe de la Banque Mondiale -, pendant le premier semestre 2017, la région subsaharienne a représenté la moitié de tout le marché du secteur, à savoir près de 1,8 million de produits off-grid vendus dans des pays africains sur un total de 3,5 millions dans le monde.
À propos de petits pas accomplis, la récente conférence « Solar & Off-grid Renewables » relative aux régions australe et orientale du continent africain, tenue les 5 et 6 décembre derniers à Dar es-Salaam, en Tanzanie, a été l’occasion de revenir et de faire le point sur ces innombrables projets qui permettent graduellement à des milliers de personnes isolées d’avoir accès au courant tout en vivant hors réseau. En effet, la liste de ces initiatives est longue, et tout particulièrement dans la région de l’Est africain, qui représente à elle seule un peu moins de 70% du marché total de l’off-grid en Afrique subsaharienne.
Aussi, à titre d’exemple, l’Union Européenne (UE) et le Programme des Nations Unies pour le Développement (PUND) ont-ils financé un projet d’électrification en Érythrée, à partir de deux mini-réseaux solaires hybrides. Les deux installations, alimentées par énergie solaire photovoltaïque et batteries lithium-ion, sont censées desservir en courant les communautés rurales Areza et Maidma et atteindre ainsi un total de 40.000 personnes. L’énergie propre produite par ce projet, dont la fin des travaux est prévue pour début 2018, permettra ainsi, d’une part, d’atténuer les émissions de CO2 dans l’atmosphère provoquées par les groupes électrogènes à diesel jusque-là utilisés par les futurs usagers des deux mini-réseaux, et d’autre part, de réduire l’impact économique généré par de tels engins.
Partisane de l’électrification hors-réseau à partir de sources d’énergie renouvelable des aires rurales et isolées, la Tanzanie s’est à son tour présentée la tête haute à la rencontre de début décembre qu’elle abritait sur son sol. En effet, grâce à un cadre législatif propice aux investissements dans les mini-réseaux, le pays peut se targuer d’une capacité installée de 157,7 MW à travers un total de 109 mini-grids disséminés çà et là sur son territoire et desservant au total plus de 180.000 personnes. Lors de la parution du rapport Accelerating Mini-grid Deployment in Sub-Saharan Africa: Lessons from Tanzania, publié par l’Institut des Ressources mondiales (WRI), le ministre adjoint tanzanien de l’Énergie et des Ressources minières, Médard Kalemani, avait fortement mis l’accent sur la nécessité de privilégier les technologies utilisant les énergies renouvelables ainsi que les solutions d’électrification autonomes, les mini-réseaux et les micro-réseaux au vu des difficultés rencontrées pour raccorder au réseau central et fournir de l’électricité à chaque région de la Tanzanie.