D’après le dernier rapport Energy Access Outlook 2017 publié par l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE), plus de la moitié des personnes vivant encore sans accès à l’électricité dans le monde en 2016 (pour un total de 588 millions d’individus) vivaient en Afrique subsaharienne, où les réseaux électriques nationaux ne parviennent à desservir que 43% de la population.
Au regard du coût et des difficultés pour raccorder au réseau les quelque 600 millions d’Africains de la région subsaharienne encore isolés, les solutions dites off-grid ont désormais fait leurs preuves et contribuent à combler le recul énergétique du continent, à améliorer la qualité de vie et à développer les activités économiques des communautés reculées en alimentant celles-ci en électricité. À ce propos, un rapport produit par la Banque Mondiale et Bloomberg New Energy Finance (BNEF) et intitulé « Off-Grid Solar Market Trend », fait état du boom économique que l’industrie des produits solaires hors-réseau est vouée à connaître d’ici 2020 dans les marchés émergents – les investissements annuels dans le secteur se sont déjà multipliés par 15 entre 2012 et 2015, franchissant la barre des 276 millions de dollars – en assurant l’accès à l’énergie de 99 millions de foyers non raccordés. Par ailleurs, 89 millions de personnes en Afrique et en Asie bénéficient actuellement du courant par le biais de systèmes solaires off-grid.
Et à cet égard, les initiatives visant à financer les projets – des programmes d’électrification des zones rurales jusqu’à l’installation de lampadaires solaires dans les capitales – se multiplient à foison depuis quelques années.
Dès 2011, le secrétaire général des Nations Unies de l’époque, Ban Ki-moon, avait lancé l’initiative SE4All (« Sustainable Energy for All ») pour favoriser les projets poursuivant l’objectif de garantir un accès universel à l’énergie et de doubler l’efficacité énergétique et la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique mondial à l’horizon 2030.
Autre exemple, le programme Lighting Africa, instauré au sein du Groupe de la Banque Mondiale, promeut la diffusion de solutions solaires hors-réseau à la place des traditionnels combustibles fossiles utilisés par la plupart des communautés isolées pour recevoir du courant. Ces solutions sont non seulement meilleures du point de vue de l’étendue des services énergétiques qu’elles génèrent et de la réduction des émissions de CO2 dans l’atmosphère mais aussi en termes d’impact sur la santé et d’économies réalisées par leurs utilisateurs. Ce programme s’est fixé pour objectif à l’horizon 2030 d’assurer l’accès à l’énergie de 250 millions de nouveaux usagers actuellement déconnectés du réseau. Ainsi, dans le cadre de ce programme, la Banque éthiopienne de développement a pu contribuer à la distribution de 800.000 produits off-grid (lanternes solaires et Solar Home Systems) et fournir de l’électricité et des services énergétiques modernes à plus de trois millions d’Ethiopiens. Outre la priorité de révolutionner l’accès à l’énergie et de mitiger les effets du changement du climat dans le pays, Lighting Africa garantit également aux communautés rurales isolées une assistance après-vente des produits solaires hors-réseau endommagés.
Toujours au sein du Groupe de la Banque Mondiale, l’Association Internationale de Développement (IDA) aide les pays les plus pauvres à obtenir des prêts compétitifs pour des projets susceptibles de dynamiser la croissance économique, de réduire la pauvreté et d’améliorer les conditions d’existence locales. Aussi a-t-elle pu obtenir un crédit de la Banque Mondiale pour développer dans 14 districts du Kenya un accès à des services énergétiques modernes à travers des installations solaires hors-réseau destinées à environ 1,3 million de personnes réparties entre 277.000 foyers dans le cadre de l’Off-grid Solar Access Project for Underserved Counties. De même, de l’autre côté du continent, l’IDA a financé une partie du Projet d’accès aux services électriques solaires au Niger (NESPA) visant à approvisionner les communautés rurales en énergie solaire. Alors que, selon l’AIE, le réseau électrique nigérien ne parvient à desservir que 11% de la population totale, le Centre National d’Énergie Solaire (CNES) constate toutefois que la capacité installée des installations solaires off-grid est passée de 416 kW en 2000 à environ 5,2 MW en 2014.
De son côté, la Société financière internationale (IFC) de la Banque Mondiale a récemment mis au point un instrument en ligne – « Off-Grid Market Opportunity Tool » – pour aider les entreprises, les gouvernements, les ONG, les chercheurs et la société civile à mieux délimiter le potentiel du marché de l’off-grid dans la région de l’Afrique subsaharienne.
Quant à l’Union Européenne, elle participe à des projets d’électrification à partir de sources renouvelables sur le continent africain dans les zones rurales distantes du réseau à travers le RECP (Renewable Energy Cooperation Programme), et en particulier, depuis 2014, par le biais de son programme de finance participative ElectriFI. Par ailleurs, l’Alliance africaine pour l’électrification rurale a co-organisé l’an dernier avec le RECP une conférence précisément consacrée aux solutions off-grid.
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