Ces financiers qui n’en finissent pas d’éclairer l’Afrique – Deuxième Partie

///Ces financiers qui n’en finissent pas d’éclairer l’Afrique – Deuxième Partie

D’après le dernier rapport Energy Access Outlook 2017 publié par l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE), plus de la moitié des personnes vivant encore sans accès à l’électricité dans le monde en 2016 (pour un total de 588 millions d’individus) vivaient en Afrique subsaharienne, où les réseaux électriques nationaux ne parviennent à desservir que 43% de la population.

Lancée en 2015 à l’occasion de la COP21 de Paris, l’initiative « Mission Innovation » regroupe pour sa part 23 membres (22 États et l’UE) qui se sont engagés à doubler leurs investissements publics dans la recherche et le développement en matière d’énergies propres pour un total d’environ 30 milliards de dollars par an jusqu’en 2021. Parmi les sept objectifs de cette coalition, qui aide les projets retenus à trouver les financements nécessaires – le plus souvent dans le cadre de partenariats public-privé -, figure celui de l' »accès à l’énergie renouvelable pour les populations hors réseau », qui vise à développer des solutions capables de garantir l’accès à une électricité renouvelable bon marché et fiable aux familles et aux communautés déconnectées du réseau national.
Dans le cadre de son « New Deal » pour l’énergie en Afrique, la Banque Africaine de développement (BAD) aspire quant à elle à parvenir à 75 millions de nouvelles connexions hors-réseau à l’électricité d’ici fin 2025 par le biais des financements d’un grand nombre de partenaires.

De même, le Sustainable Energy Fund for Africa (SEFA), qui est abrité par le Département des énergies renouvelables de la BAD, est un fonds multilatéral instauré par les gouvernements du Danemark, du Royaume-Uni, des États-Unis et de l’Italie, pour faciliter les investissements dans des projets d’efficacité énergétique et de production d’énergie renouvelable. C’est dans ce cadre que s’inscrit la subvention de près d’un million de dollars qui a été allouée au Zimbabwe pour un projet d’installation solaire photovoltaïque hors-réseau de 20 MW destiné à fournir une électricité fiable à des centaines de petites et moyennes entreprises et à contribuer ainsi au développement tant des zones rurales que des aires urbaines dans le pays. En plus des 33.000 tonnes de Co2 par an qu’il promet d’éliminer, ce projet permettra aux PME bénéficiaires d’employer 3790 hommes et 4166 femmes.

De son côté, l’initiative Power Africa, mise en place par le gouvernement des États-Unis, a développé en 2014 le sous-programme « Beyond The Grid », visant à trouver les financements au sein du secteur privé pour promouvoir la diffusion des solutions off-grid et à petite échelle sur le continent, afin de parvenir à 25-30 millions de nouvelles connexions d’ici 2030. Aussi le centre-ville de Bujumbura a-t-il pu bénéficier d’un partenariat avec une compagnie membre de ce programme pour une électrification verte de la capitale du Burundi au moyen de lanternes solaires. « En élargissant nos investissements de projets d’envergure commerciale afin d’inclure les solutions hors-réseau, nous espérons avoir un impact positif sur la vie de millions de personnes au Burundi et dans toute l’Afrique », a déclaré le PDG de la compagnie engagée dans le projet. De surcroît, avec la Suède, Power Africa a lancé le programme d’électrification rurale « Beyond the Grid for Zambia » avec l’objectif de garantir l’accès à l’énergie à un million de personnes.

En outre, un autre programme régi par l’organisation à but non lucratif ArcFinance et lui aussi soutenu par le gouvernement des États-Unis, le REMMP (Renewable Energy Microfinance Programme), se propose d’intégrer la finance participative à des projets d’énergie renouvelable en faveur des populations défavorisées. Aussi le REMMP a-t-il contribué en Ouganda – dont 81% des habitants sont déconnectés du réseau – à la distribution de Solar Home Systems en faveur de communautés rurales isolées, approvisionnant ainsi en énergie 12.000 usagers locaux.

La ligne de crédit SUNREF de l’Agence française de Développement (AFD) aide pour sa part les acteurs privés des pays du Sud à développer leurs projets d’accès à une énergie abordable et durable avec le financement de banques locales. À titre d’exemple, avec le soutien de SUNREF East Africa, la compagnie Olivado, spécialisée dans la production d’huile d’avocat, est parvenue à financer la construction d’une centrale de biogaz dans son domaine kenyan – qui, situé dans la région des Central Highlands (dans l’Est du pays), fait travailler plus de 1300 fermiers locaux –, devenu depuis lors entièrement autonome d’un point de vue énergétique grâce aux déchets d’avocats.

De la même manière, l’Energy and Environment Partnership (EEP) promeut les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique et les investissements dans des technologies propres. Fondé par les gouvernements de Finlande, d’Autriche et du Royaume-Uni, ce programme est engagé depuis 2010 dans le Sud et l’Est africain. Ainsi, un projet développé dans le cadre de ce partenariat à Qangwa, dans le Nord-ouest du Botswana, permettra bientôt d’alimenter hors réseau en énergie solaire une entière communauté rurale composée de 500 foyers.

Force est de constater que la liste des initiatives pour promouvoir la diffusion des installations hors-réseau est encore longue, ce qui témoigne du fort potentiel de ces solutions autonomes pour élargir enfin l’accès à l’électricité sur le continent africain. « La question n’est pas de savoir si l’accès universel s’effectuera à travers les solutions off-grid – avait déclaré l’an dernier le directeur général de l’Agence Internationale de l’énergie renouvelable (IRENA), Adnan Z. Amin, à l’occasion de la Troisième Conférence internationale des énergies renouvelables hors-réseau – mais de comprendre les moyens à mettre en œuvre pour qu’elles le fassent le plus vite possible ».

 

2017-12-07T09:14:50+01:00 décembre 7th, 2017|Blog|